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L'ART ET LA CULTURE POUR TOUS
8 janvier 2011

Abderrahmane Zenati... le premier artiste peintre et écrivain marocain, de renommée

 

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qui ose exposer ses toiles et signe ses livres dans la rue pour vaincre cette crainte chez les gens de franchir le seuil d’une galerie d’exposition ou d’une librairie.

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LA VALLÉE OUBLIÉE 

 

EXTRAIT


« … C’était à Oujda que j’ai connu mes premiers désenchantements, mes premières désillusions et mes premières déceptions… les gens vivaient dans cette ville comme au Far West… les différents quartiers étaient peuplée d’aventuriers de souches mélangées et souvent équivoques, allant de l’aristocratie française au bagnard algérien libéré et pas tout à fait assagi. De l’usurier fassi avare qui spéculait sur la laine, les tissus, les terrains au légionnaire italien blasé qui avait jeté sa barda après un lustre de régiment et s’adonnait au trafic en tout genre. Du berger ignorant et naïf de Aïn Béni Mathar au paysan désespéré et prêt à tout, venu des campagnes environnantes pour réussir ou mourir... Du mercenaire brute et sanguinaire lié par contrat à ces escrocs algériens, amis de la France, riches, influents et ambitieux, voulant s’approprier par la force des terres de marocains par n’importe quel moyen, au Caïd ignare et pas bête, imposé aux populations par l’armée coloniale, pour braves et loyaux « services », rendus à la France et, qui, lui aussi, « s’appropriait » de nombreuses propriétés usurpées aux pauvres autochtones «indigènes » ignorants et niais. Du mercanti cupide et malin d’Agadir au juif hypocrite et rusé de Debdou… Du français de souche, cultivé, civilisateur et bon à ces français par « papier timbré » qu’étaient ces innombrables espagnols, maltais, portugais et autres italiens qui faisaient de nos femmes des « fatma », ces insatiables qui raflaient l’argent sans compter en méprisant les Arabes et en crachant sur cette république française qui leur avait ouvert les bras comme une prostituée du bois de Boulogne… »

 «… A cette époque, me disait ma mère, pareils à ces serpents chassant les grenouilles dans les eaux troubles, certains intrigants algériens, surnommée par nous autres « deuxièm-fran’cess », avaient ramassé un important pécule par des moyens bons où mauvais. Lorsque le pays à retrouvé souveraineté, par calcul, ces magouilleurs, sont tous devenus marocains… leurs rejetons occupent actuellement les postes clefs du Maroc Indépendant et vendent à prix d’or les terrains de « leurs » immenses vergers « volés » par leurs ascendants quelques années plutôt… Les rues importantes et les grands quartiers de la ville portent encore honteusement les noms de ces escrocs sanguinaires. Jusqu’à quand ?

Oui ! J’ai évolué dans cette Oujda qui vivait sous la cruauté, le mépris et l’oppression de la forte communauté d’algériens qui « dominait » l’humble marocain et le marginalisait dans son propre pays… Je faisais partie de ces enfants marocains méprisés pendant que nos « frères », les rejetons algériens étaient choyés par cette France qui les traitait comme d’authentiques français… Alors que l’enfant marocain, famélique et cependant fier, apprenait à rabâcher le Coran sur une planchette, dans les coins obscurs, enfumés et mal aérés d’un « m’sid » exigu, son « frère » algérien, gavé et déjà conscient de « sa supériorité » inventée par le colonialisme, était dirigé dans les écoles françaises, apprenait les mathématiques, les sciences modernes et la littérature …

Ayant fréquenté le m’sid pendant un certain temps, a par quelques uns, tout ce que le marocain avait apprit ne dépassait pas le fait de réciter, comme un perroquet, quelques versets élémentaires du Coran. Du psittacisme. Il répétait mécaniquement de longues phrases qu’il entendait et qu’il apprenait par cœur sans y rien comprendre. Il ne pouvait ni raisonner, ni avoir présent à l'esprit le sens et les idées des mots puissants qu’ils disait mécaniquement.

J’avais grandi à cette époque où à Oujda médecins, pharmaciens, dentistes, avocats, interprètes, directeurs d’écoles, commissaires et autres cadres musulmans était, par la volonté de l’administration française, uniquement algériens…

J’avais grandi à cette époque où Oujda, durant ce temps, était ravagée par de terribles épidémies. Le choléra, la variole, le trachôme et la tuberculose faisaient des dévastations. La dysenterie et la typhoïde tuaient des centaines de personnes. N’importe quelle infection intestinale causée par des bacilles ou des amibes, était grave pour tous les habitants. Mais beaucoup plus pour les pauvres, les mal-portants, les vieillards, les enfants chétifs, qui se vidaient et mouraient. On se soumettait à cette sélection naturelle avec la résignation et le fatalisme des croyants habitués aux avanies de la nature et des saisons. La médecine moderne n’était pas à la portée de tous. Les pauvres avaient recours aux médicaments traditionnels, en se soignant par les racines, les plantes et les organes des animaux… Les quelques médecins militaires français réservaient leur science à leurs compatriotes et à certains algériens, considérés à l’époque, comme des français à part entière. Les malades marocains restaient la proie des rebouteux, des diseurs de foire et des colporteurs… Les gens mouraient par dizaines. On jetait de la chaux sur leurs corps dans les fosses avant de les recouvrir de terre… Ainsi, pour une fois, algériens et marocains, croyants et impies étaient réconciliés dans la même tombe… »

 

Goût de cendre
< Extrait >


<<..Mais, où sont-ils donc, m’étais-je demandé, tous ces anciens Oujdis, si instruits, si évolués et si aimables,que je connaissais autrefois ? Où sont tous ces grands noms de familles respectables qui avaient fait la bonne réputation et la gloire de cette ville ? A part quelques exceptions, les seuls qui restaient étaient désormais totalement ruinés et crevaient de faim dans une indifférence totale. Aucune solidarité entre les Oujdis ! Hélas ! Leurs filles si belles, connues autrefois pour leur pudeur, leur loyalisme, leur dévouement et leur fidélité légendaire, étaient, malgré elles, condamnées à faire le trottoir, pour survivre, simplement ! Toute une génération avait émigré à l’étranger. Beaucoup parmi ceux qui restaient, surnageaient dans la déception et le désespoir. Nombreux, ceux qui étaient devenus ou fous, ou drogués, ou croupissaient dans les prisons, victimes de leur caractère, de leur orgueil et puis, ils n’avaient jamais eu véritablement leur chance. Trop honnêtes dans une ville de corrompus qui se pourrissait de jour en jour ! Des garçons de moins de vingt ans, mis en prison injustement ou pour un petit motif insignifiant, en sont ressortis homosexuels, toxicomanes ou assassins.

 

Khalti Fatna

"Extrait"

 

C’est drôle ! … Les souvenirs de mon existence sont si extraordinaires, si invraisemblables que j’ai peine à croire moi-même en leur réalité. Il me semble parfois que les étapes de ma vie étaient écrites par des romanciers talentueux et débordant d’imagination… Et pourtant, autant que des cicatrices indélébiles, tout mon passé est resté gravé dans ma mémoire comme dans du marbre...

En revoyant mentalement le film de mon existence, un film curieux, mal ajusté, dont on aurait mélangé les séquences qui se sont succédées, quel étonnement je ressens !

Ce petit enfant que je revois dans la nuit, seul, affamé, tremblant de froid et de peur ne peut être moi ! Non, ce n'est certainement pas moi ce gamin, abandonné à l'aube de son enfance, que je revois errant dans les rues d'Oujda avec les vagabonds, les mendiants, les fous, les voleurs et des abrutis de toute espèce 

Je n’ai rien oublié ! Comme si c’était hier, je me rappelle tout... C’était bien moi, ce petit vagabond que je revois dans la nuit, seul et affamé…  Je revois cette partie de ma vie comme dans un brouillard. J’avais moins de dix ans et j’étais l’un de ces centaines d’enfants orphelins abandonnés que la fatalité avait condamné à vivre dans la rue, dans la misère, le froid et la peur.  A travers mes vagabondages, j’aiconnu l’oppression des forts, la tyrannie des pauvres, la maladie et la gueule hideuse de la mort… J’ai été mâché, remâché et craché ensuite comme une bouchée fade… Mes orteils étaient ulcérés à force d’avoir marché pieds nus. Mon corps était mortifié a force d’avoir dormi dans les fossés… A force d’avoir mangé des miches de pain rassis toutes recouvertes de moisissures, de boue et de fiente d’animaux… A force d’avoir consommé de la charogne où pullulaient les vers et d’avoir bus l’eau infestée des marécages, mes intestins étaient rongés par toutes sortes de maladies … J’avais eus recours à l’aumône des gens dans les rues d’Oujda, terre hostile… J’avais tout fait pour garder ma chair sur mes os et ma pensée intacte…

 

"C'est une chose bien connue, mais qu’il faut toutefois la rappeler : avec son génie créateur, avec ses livres, avec sa peinture… Abderrahmane Zenati est considéré comme le père spirituel de tous les jeunes passionnés de peinture, d’art et de culture dans l’Oriental."

Abdedaim Ali

 

 

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  • Parler de mes émotions face à ce monde perturbé où chaque jour un drame se joue quelque part... D'écrire ma vie à Oujda et à Saïdia où je passe mon temps entre mes pinceaux et ma plume... Parler de ma peinture et de mon écriture teintées de mes états d'âme
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