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L'ART ET LA CULTURE POUR TOUS
11 décembre 2010

A bderrahmane Zenati: A propos de mon livre : « Merguez et Harissa

Créatioon espace

 A propos de mon  livre : « Merguez et Harissa, je partage avec vous cette lettre, que j'ai reçue sur mon adresse Email, d'une admirable et charmante  lectrice : 


Photo 002.jpg

 

Cher M. Zenati,

Pardonnez mon audace, … car nous ne nous connaissons pas ! Enfin, … VOUS ne me connaissez pas, ce qui n’est pas mon cas ! C’est que mon ami Jean me parle de vous tellement chaleureusement que j’ai l’impression très réelle de vous avoir déjà rencontré. Vous voulez des preuves ? :

-          des quantités de photos prises par Jean à Saïdia, entouré de vos œuvres,

-          vos peintures : trois d’entre elles ornent ma maison, toutes des cadeaux précieux de Jean. Très important pour moi. Très symbolique avec cette résonance très particulière au plus profond de moi. C’est que Jean me connaît bien…, enfin, je crois ! Je veux parler :

           – des « TROIS CAVALIERS AU GRAND GALOP », en recherche des beautés du monde. Je les appelle « mes trois chevaliers Templiers ». Vous connaissez, ces moines-soldats qui ont hanté mes recherches, parce que l’une de leurs commanderies se trouve dans notre village, et qui avaient le rêve fou d’unir les trois religions.

            - de ce « CHEVAL ROUGE » crinière au vent, qui repart à leur devant pour leur dire de se presser, car leur quête est urgente !

               - de ce magnifique bouquet de «MARGUERITES », ma fleur préférée, dans la splendeur lumineuse de leur épanouissement.

Des peintures qui sont le reflet, aussi bien par leur trait, leur matière que par leurs thèmes, de votre forte et sensible personnalité.

-          Et puis il y a ce livre : « MERGUEZ et HARISA », dont je viens de terminer la lecture et qui se trouve être la raison de ces quelques mots, ce livre où j’ai retrouvé le même souffle, le même enthousiasme, le même attachement à votre pays que dans vos peintures. Et comme je demandais à Jean s’il pouvait vous communiquer, lors de son prochain passage à Saïdia,  combien j’avais été touchée par votre fabuleux destin, votre parcours, votre style coloré et plein d’émotion, il m’a suggéré de le faire moi-même, d’où cette lettre.

Mais je dois vous dire que, tout en ayant beaucoup écrit dans mon existence, ce n’est pas mon métier et que je laisse simplement les mots passer de mon cœur à ma « plume ». Je connais un peu le Maroc : une toute petite partie par moi-même à travers deux voyages  et beaucoup à travers Jean et c’est toujours pour moi comme un rêve, un conte, quand il m’en parle, un parfum d’aventure, un ailleurs qui me fascine.. Et puis, je ne manque jamais, lors de mes passages à Paris, de visiter le musée de l’Institut du monde arabe, aux collections remarquables. Enfin, il faut dire que, dans notre village, de nombreux Marocains sont nos voisins de maisons, de rues, nos compatriotes. Donc le Maroc, c’est un peu le pays d’à côté !

Voilà pour le préambule vous expliquant le pourquoi du comment et c’est chose faite pour les présentations. Maintenant, je vais pouvoir vous faire part de mes réflexions au sujet de « Merguez et Harisa » !

……………………………………………………………………………………………………………………………………

 C’est la fin d’après-midi dans notre village du Midi.

J’ai votre livre entre mes mains.

De l’endroit où je suis, ouvert sur le jardin plein de soleil, une cigale chante.

Soudain, je ne l’entends plus. C’est comme si elle était entrée avec moi dans le livre dont je viens de commencer la lecture et dont je ne sortirai plus jusqu’à la dernière ligne…

 Génial le scénario qui pourrait faire l’objet d’un film. D’emblée, le décor est planté : nous sommes à l’aéroport de Oujda-Angad. Un avion de la Royal Air Maroc, en provenance de Paris, vient d’atterrir déversant sur la piste une centaine de personnalités  qui n’étaient pas revenues à Oujda, leur ville natale, depuis plus de quarante ans. Pour la plupart, ils font partie de l’Association Mémoire et Action séfarades groupant des juifs nés au Maroc oriental et ayant fait de la France, ou autres ailleurs, leur rêve d’un bonheur qu’ils n’avaient pas trouvé chez eux.

Dès cette arrivée, des figures émergent, comme des images d’archives : « le premier à apparaître du haut de la passerelle en souriant fut Isaac Barukl … durant les années cinquante, il était très connu parmi les garnements qui hantaient les rues d’Oujda … On ne savait pas s’il était musulman, chrétien ou juif … ».

Et vous racontez Oujda à cette époque lorsque Chamoun, le ferblantier juif était le voisin de Koutata, le musulman, marchand de légumes, « une époque où juifs et musulmans partageaient des racines communes avec des destins contrastés …, c’était comme le mélange des couleurs d’un beau tableau … jusqu’au moment où la zizanie s’installa entre les communautés ».

Le défilé des « acteurs » se poursuit : description précise, nostalgique ou pleine d’humour, désenchantée parfois :

« Le deuxième à poser son pied sur la passerelle fut Maurice Benadiba, battu par son père, maltraité par sa mère,.. ; devenu l’un des douze milliardaires qui contrôlent la majorité des banques européennes …. » etc.

Au fur et à mesure des apparitions, nous faisons connaissance avec des hommes, tels ce producteur dont le nom, Jean Albesa, me rappelle quelqu’un, des femmes aussi,  comme Joëlle, l’adorable blonde intelligente et réservée ou Kimia, née à Oujda, un phénomène musical qui a émigré en France à Nîmes, Esther et ses mines de chatte câline, Aurélie, jolie rousse aux yeux verts ayant échappé par miracle à Auschwitz-Birkenau.

Avec comme fil rouge, la charmante Nathalie, envoyée spéciale de l’hebdo français Media-Libre, journaliste et écrivain qui ponctue avec mélancolie ma promenade dans le Oujda moderne autour du Grand Hôtel Atlas-Orient ou du supermarché Marjane, aussi bien que dans la Medina «  où se côtoient barbus en gandura et babouches et hommes vêtus à la dernière mode européenne, jeunes femmes en mini-jupe ou jean et femmes voilées de la tête aux pieds ».

Tous ces petits portraits, pris un à un, sont chacun des chefs d’œuvre d’observation, de réalisme, de nostalgie, comme des tableaux qui nous transmettraient un regard humain sur le Maroc, riche de sa complexité.

 Au fil de ma lecture, j’ai aimé votre vraie recherche du pittoresque, à travers lequel on ressent votre attachement profond à ce pays et à ses traditions : « Oujda, à cette époque, était un coin de paradis sur terre …Partout à Oujda, il y avait un mélange extraordinaire de langues, de dialectes et autant de modes de vie avec tout ce que cela comporte comme accents, odeurs et bruits … »

 On parcourt avec vous les ruelles d’Oujda, pleines d’histoires : « j’étais amoureux de ses grandes portes en bois et de ses remparts millénaires. De ses bergers et de ses maisons paisibles. De ses petits sentiers et de son odeur de fours à pain… Je me rappelle des sandwiches de merguez et harisa de chez Htiti … ».

Le pittoresque se trouve beaucoup  dans les images colorées que vous employez qui font découvrir « la beauté des mots assemblés et rythmés pour le plaisir de les faire danser ». Comme vous peignez un tableau ! Et le résultat est plus vrai que nature :  

- « des rides remplies d’histoires,

-  une bouche gourmande d’envies,

- des yeux armés, prêts à faire feu,

- un regard à glacer le soleil,

- un bain de vapeur à griller les poils du diable ».

Magnifique !

 Vous faites partager votre regard sur la société en nous rendant témoin d’un Maroc qui  peu à peu est  transformé par l’évolution avec une prodigieuse diversité. On est ému par la vie des Fatnas  autrefois, mais le changement n’a t-il pas crée d’autres peurs pires encore, chaque génération se berçant de l’illusion de faire table rase de ce qui ne peut être effacé ?

 

Tant et si bien que votre livre se lit comme une sorte de conte, un récit d’Histoire, une saga marocaine dont vous  nous invitez à partager la découverte, avec en toile de fond l’espoir d’une paix universelle, mais qui laisse place à toutes les questions que pose un avenir qui reste à inventer.

 Peut-être partagez-vous le point de vue et l’admiration inconditionnelle de plusieurs de vos personnages dont « la première pensée va à sa Majesté le Roi,… ce souverain qui aime son peuple … Tout son peuple … Musulmans et Juifs, croyants et agnostiques … qui a choisi la voie des réformes courageuses dans tous les domaines, etc ..  ». Et c’est là sûrement, à ce respect,  que réside la force du Maroc, mais le monde est une chose compliquée et l’artiste, écrivain ou peintre, ne peut sans doute que difficilement être dissocié du politique.

Jean m’aide à comprendre ce monde compliqué en me donnant des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. En fin de compte, ce qui est important dans l’Histoire des peuples, c’est ce qui est gravé dans les cœurs et les âmes des êtres humains,  qui rejoint l’éternité.

C’est ce que vous écrivez vous aussi lorsque vous dites : « Tout homme qui vient à Oujda … ne peut s’empêcher d’éprouver à son contact ce sentiment religieux d’être dans un de ces lieux sacrés où le ciel paraît si proche et la foi si naturelle ».

 J’en étais là de mes réflexions, lorsque, à travers les lignes de votre livre, j’entendis résonner « le muezzin de la grande mosquée appelant les fidèles à la prière. C’était impressionnant cet appel puissant et modulé dans le pays du soleil couchant, pays des extrêmes et des contradictions ostentatoires ». 

 

J’étais arrivée à la fin du livre. Je restais les yeux fermés, encore dans le livre et sous le charme du récit, des odeurs, des bruits, des couleurs. Exactement comme lorsque, après avoir vu un film au cinéma, je reste un moment sur le fauteuil, encore dans l’histoire du film, coupée du monde, comme si j’étais de l’autre côté du miroir.

 Et ce n’est qu’un bon moment après avoir terminé « Merguez et Harisa » que je revins à moi et que, soudain, j’entendis à nouveau ma cigale chanter !

 Avec tous mes compliments.

Micheline

 

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  • Parler de mes émotions face à ce monde perturbé où chaque jour un drame se joue quelque part... D'écrire ma vie à Oujda et à Saïdia où je passe mon temps entre mes pinceaux et ma plume... Parler de ma peinture et de mon écriture teintées de mes états d'âme
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